Dans les Alpes, la fonte des glaces fait apparaître un bunker de la Première Guerre mondiale
Plus de 100 ans après la fin du conflit, des vestiges d’un bunker datant de la Première Guerre mondiale ont récemment refait surface en Italie. Comment ? Grâce à la fonte des glaciers.
Plus de 100 ans après, la Première Guerre mondiale n’a pas encore livré tous ses secrets. Le quotidien britannique The Daily Telegraph rapporte que les historiens italiens Giovanni Cadioli et Stefano Morosi ont récemment mis au jour, en Italie, un bunker datant de la Grande Guerre situé sur le mont Scorluzzo, en plein cœur des Alpes transalpines. Une découverte à 2 900 mètres d’altitude rendue possible par la fonte des glaces.
« C’est un bunker de la Première Guerre mondiale construit à l’aide de rondins, jonché des vestiges laissés par ses derniers occupants, des boîtes de conserve rouillées, des douilles et des ustensiles de cuisine en métal », précise le journal britannique, relayé par le magazine Courrier international.
Des effets personnels des soldats de la Première Guerre mondiale, très bien conservés, ont été découverts.
Combats entre l’Italie et l’Autriche Hongrie
Le bunker était utilisé par une quinzaine de soldats de l’armée austro-hongroise sur le front transalpin. Les soldats italiens ont affronté de 1915 à 1918, des forces militaires de l’Autriche-Hongrie, souligne The Daily Telegraph. Le quotidien britannique rappelle que l’armée italienne a affronté sur le mont Scorluzzo, dans le parc national italien du Stelvio, les forces austro-hongroises de 1915 à 1918.
À l’époque, après avoir annoncé son intention de rester neutre dans le conflit mondial, l’Italie a rejoint la Triple-Entente en 1915. Cette alliance rassemblait la France, le Royaume-Uni et la Russie impériale.
Une participation à l’effort de guerre qui n’était pas sans arrière-pensées. Selon nos confrères du Point, « Rome espérait récupérer certaines provinces, comme celle de Trieste ou encore celle du Tyrol du Sud ».
Haut sur les pentes du Monte Scorluzzo dans le parc national du Stelvio, un bunker de la Première Guerre mondiale qui était autrefois enseveli et préservé par la glace est en train de fondre, révélant une scène de l'histoire qui avait été littéralement figée dans le temps. Le bunker à bois abritait autrefois un peloton de soldats austro-hongrois qui ont repoussé les assauts suicidaires des forces italiennes pendant la première guerre mondiale. Il est encore parsemé de leurs biens, boîtes de conserve, ustensiles de cuisine, lambeaux de vêtements. Un siècle plus tard, ce dépositaire gelé du passé porte un avertissement sévère pour l'avenir alors que les dirigeants mondiaux réunis à la COP 26 à Glasgow délibèrent sur la manière d'essayer de freiner le changement climatique.
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Si la découverte de ce bunker est une aubaine pour l’archéologie et l’histoire, elle est nettement moins encourageante au niveau climatique. La mise au jour d’un tel vestige est en effet rendue possible par la fonte dramatique des glaciers européens, notamment celui du Platigliole, où se trouve le bunker.
« C’est peut-être un effet secondaire positif du changement climatique dans le sens où il y a 100 ans, cette montagne faisait elle-même partie d’un glacier. On n’en voyait brièvement la roche que durant les jours les plus chauds du mois d’août, explique Giovanni Cadioli au Telegraph. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, le glacier a reculé, la glace fond, et donc des endroits comme celui-ci, figés dans le temps pendant 100 ans, reviennent à la vie. »
Fonte des glaciers, un phénomène mondial
La fonte de ce glacier italien n’est cependant pas un cas isolé. La disparition progressive des glaciers de la planète, provoquée par le réchauffement climatique, s’est accélérée ces vingt dernières années, contribuant désormais à plus de 20 % de la hausse du niveau de la mer, selon une étude publiée en avril 2021 dans la revue Nature.
Les glaciers de la planète ont perdu 267 milliards de tonnes de glace en moyenne par an entre 2000 et 2019, selon l’étude. De quoi submerger entièrement la Suisse sous six mètres d’eau chaque année, commente l’École polytechnique fédérale (ETH) de Zurich dans un communiqué. Et la fonte s’est largement accélérée : d’une moyenne de 227 milliards de tonnes par an entre 2000 et 2004 à une moyenne de 298 milliards de tonnes par an entre 2015 et 2019.
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