Protection de l’Isère contre les crues
Fin des travaux hydrauliques
Grenoble et la vallée de l’Isère protégées des grandes crues ?
Voir les commentaires en bas de page
Après neuf ans de travaux, le chantier de protection de l’Isère contre les crues est achevé. De quoi permettre de limiter les dégâts en cas de débordement, et même de résister face à un événement majeur comme la grande crue de Grenoble de 1859. Grenoble et la vallée de l’Isère enfin protégées des (grandes) eaux ? C’est l’espoir porté par le Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère. Après neuf années de travaux « gigantesques », le Symbhi est même en mesure d’affirmer que « la parade contre les inondations de l’Isère est maintenant en place ». Et que la capitale des Alpes saurait faire face à des grandes crues. Comme celle de novembre 1859, au cours de laquelle l’Isère dépassa de 5,35 mètres son niveau habituel.
Inondations de Grenoble le 2 novembre 1859
Né en 1805 dans le Piémont et devenu archiviste du département de l’Isère en 1850, Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey a rédigé une note détaillée sur l’inondation du 2 novembre 1859. Voici l’intégralité du texte « Grenoble inondé » écrit dans les jours qui suivirent cet événement.
Depuis quatre-vingt-un ans, c’est-à-dire depuis le déluge de la Saint-Crépin en 1778, resté profondément gravé dans le souvenir de nos pères, Grenoble n’a pas eu d’inondation aussi forte ni aussi terrible que celle qu’il vient d’éprouver, le 2 novembre 1859 ; cependant, deux jours avant le désastre, rien ne semblait encore devoir faire appréhender à la cité l’imminent danger qui la menaçait.
Des pluies peu abondantes, mais prolongées, survenues les 26, 29 et 31 octobre, jointes à un vent du midi (sud-ouest), qui fit fondre une partie des neiges couvrant déjà les sommets des montagnes, avaient peu à peu fait croître l’Isère d’une manière sensible, comme il arrive presque chaque année à la même époque, sans que toutefois l’on parût avoir aucune crainte sérieuse, lorsqu’une pluie tiède et battante, tombée au Mont-Cenis et dans la Savoie, les 31 octobre et 1er novembre, sur des neiges folles de quatre à cinq pieds de haut, fit enfler les ruisseaux, les torrents et les rivières. L’Isère, accrue bientôt par ses nombreux affluents, prit alors des proportions effrayantes, et qui le devinrent d’autant plus, que les cîmes neigeuses des Alpes, par un temps lourd et chaud, se déchargeaient ostensiblement.
Le 1er novembre, fête de la Toussaint, le vent du sud, qui avait remplacé celui du sud-ouest, de la veille et de l’avant-veille, porta, à midi, la température de 12 et 13 degrés centigrades à 19. Au soir du même jour, l’eau, élevée à trois mètres au-dessus de l’étiage, croissait à vue d’œil ; on se rappelait qu’à pareil soir, seize ans auparavant, le Drac, violent et furieux, avait, un peu au-dessous du village du Pont de Claix, emporté sa chaussée sur une longueur de 20 mètres ; qu’il avait coupé la route, inondé ce village et celui d’Echirolles, et que, de là, se répandant dans la plaine, il était venu se réunir à l’Isère au-dessus de l’Ile-Verte. Heureusement que ce torrent, toujours à redouter pour Grenoble, et dont les eaux s’étaient enflées par la première fonte des neiges, diminua de 0,60 centimètres au moment où l’Isère s’élevait.
Toute la nuit du 1er au 2 novembre, l’Isère ne fit qu’augmenter ; le lendemain matin, à huit heures, elle marquait, à l’hydromètre du pont de fer suspendu, 4 mètres 10 centimètres, dépassant ainsi les débordements arrivés en 1840, en 1816 et en 1856.
Dans ce moment, l’eau couvrait de 60 centimètres toute la partie basse de la rue Saint-Laurent, sur une assez grande étendue ; elle atteignait, sur l’autre bord de la rivière, les rues des Nones et du Boeuf. Déjà, elle avait aussi, dans l’intérieur de la ville, envahi, à l’une des extrémités de la place Grenette, la petite place St-François et les rues adjacentes, la place Saint-Louis à l’angle de la rue de France, ainsi que les parties les moins élevées de cette rue, joignant les rues Créqui, Saint-François et Montorge, la place Vaucanson, la rue Saint-Jacques, la rue Neuve du Lycée à son point de jonction avec les rues de l’Ancien-Gouvernement et de Saint-Vincent de Paul (ancienne rue Neuve des Pénitents), la rue Très-Cloîtres à l’angle de la rue Servan (ancienne rue Neuve des Capucins) et la rue du Vieux-Temple à l’angle de la petite rue conduisant à la Citadelle ; toutes les caves étaient remplies d’eau ; elle sortait de tous côtés par le sol, par les canaux et les égouts. En vain, l’on essayait, par de faibles obstacles, de l’empêcher d’entrer dans les magasins ; les rez-de-chaussée, les cours, les allées : tout était inutile ; il fallait céder. L’eau circula en peu de temps sur la plupart des places et dans presque toutes les rues de la ville.
https://symbhi.fr/pour-sinformer/memoire-du-risque/crue-de-1859/
La prévision des crues de l'Isère de 1859 à aujourd'hui
Le 2 novembre 1859, la ville de Grenoble est envahie par l'Isère. La catastrophe est immense d'autant que la crue a surpris tout le monde : habitants, commerçants, autorités, armée, etc. personne n'a eu le temps de mettre en sécurité les biens, les réserves de nourritures et les personnes les plus fragiles. La mise en place d'un système permettant l'annonce des crues et l'alerte des autorités est donc décidé après l'inondation. Il repose sur l'installation d'échelles limnimétriques, qui permettent de mesurer la hauteur du cours d'eau et sur la transmission des informations entre l'amont et l'aval grâce au Télégraphe. L'héritage de ce système repose aujourd'hui sur le Service de Prévision des Crues Alpes du Nord basé à Grenoble. Mais malgré les avancées techniques, la prévision des crues de l'Isère suffisamment à l'avance reste délicate aujourd'hui, dans un contexte où le risque de rupture de digues à l'entrée de l'agglomération grenobloise est important, même pour des "petites crues".
Isère en crue 3 Mai 2015
Isère vue des quais centre ville. cote à 3 mètres 34 battant ainsi le niveau de mars 2001 de 3m L'Isère en crue ce mardi 23 janvier 2015 à Grenoble. Les voies sur berges sont fermées.
L'Isère en crue ce mardi 23 janvier 2018 à Grenoble
Grenoble : inondée, la voie sur berge est fermée, la vigilance jaune aux crues activée sur l'Isère
La voie sur berge a été fermée ce lundi 3 février 2020 en début de matinée. Après les fortes précipitations du week-end et à cause des températures élevées, le niveau de l'Isère monte. La vigilance jaune a été activée.C'est la conséquence des températures particulièrement élevées pour la saison, mais aussi des fortes pluies qui ont touché la région tout le week-end, les cours d'eau sont en crue. A Grenoble, la voie sur berge a été fermée ce lundi 3 février en début de matinée.
Impossible d'emprunter la voie Corato si vous souhaitez quitter Grenoble en évitant les quais ce lundi matin. La voie sur berge a été fermée au trafic alors que l'Isère est en crue. Une crue "peu fréquente pour la saison" relève le site vigiecrues.gouv.fr, "provoquée par des températures élevées en altitude et de fortes précipitations localement très fortes sur le bassin de l'Arly". Toujours selon le site du ministère, le débit était de 500 m3 à 8 heures du matin au niveau de la station de Grenoble-Bastille. Au pic de la crue, en fin de matinée, il devait atteindre 600 m3 seconde. Les précipitations ont été particulièrement intenses sur les Alpes, hier dimanche principalement. Des "forts cumuls" sur le bassin de l'Arly notamment et dans la vallée de la Tarentaise. Au-dessus de 2500 mètres, à cause de la douceur exceptionnelle, on a également perdu jusqu'à 10 centimètres de neige explique vigiecrues.gouv.fr. De quoi faire réagir fortement certains cours d'eau. Le site de surveillance des crues détaille l'évolution du niveau des rivières depuis dimanche soir : "la crue s'est propagée sur le tronçon Isère Haute-Combe de Savoie pour un pic à 2h du matin au niveau de Grignon (Savoie), ensuite, l'onde de crue est arrivée à la station de référence de Montmélian à 4h du matin. La crue devait continuer de se propager vers l'aval aujourd'hui lundi avec un pic de crue prévu au niveau de Grenoble en fin de matinée".
Commentaire d’Alain Venel
Très intéressant ! Plusieurs collègues ont travaillé sur le modèle, pas moi , mais cela est toujours intéressant de voir que tout a été fait pour que ces crues n'arrivent plus ! Merci pour les vidéo ! très spectaculaires !
Il y aura certainement des exceptions car nous ne pouvons pas toujours prévoir l'impossible avec les changements climatiques que nous connaissons mais qui se sont produits plusieurs fois au cours des millénaires précédents !
N'est-ce déjà exceptionnel qu'à plus de 91 ans je sois encore là pour lire de tels documents ??? C'est un cadeau de la nature ! Merci .
Commentaires (2)
Il y aura certainement des exceptions car nous ne pouvons pas toujours prévoir l'impossible avec les changements climatiques que nous connaissons mais qui se sont produits plusieurs fois au cours des millénaires précédents !
N'est-ce déjà exceptionnel qu'à Plus de 91 ans je sois encore là pour lire de tels documents ???C'est un cadeau de la nature ! Merci .