Saint-Pée-sur-Nivelle
Un village basque dans l'Histoire
Il y a des villages que l’Histoire a marqués et des villages qui ont marqué l’Histoire. Saint-Pée-sur-Nivelle est l’un d'eux. Peu de villages de sa taille ont fait l’objet de tant d’ouvrages. Voici l'Histoire ignorée voire souvent cachée de Saint-Pée.
Quel est ce village de Saint-Pée ? Que fut la chasse aux sorcières ? Que furent les guerres napoléoniennes sur cette partie du territoire basque ?
Un collectif de Senpertar, habitants de Saint-Pée, "Lapurdi 1609" (Labourd 1609) a choisi de se réapproprier son Histoire, longtemps ignorée, en faisant appel à des historiens et chercheurs tels Pierre Hourmat, Xabier Elosegi, Xabi Itçaina.
Notre Histoire est souvent méconnue, oubliée ou cachée. Elle a aussi été écrite par les vainqueurs
Procès en sorcellerie
L'origine de la démarche est le quatre centième anniversaire (en 2009) des procès en sorcellerie instruits par le Sieur de Lancre, juge bordelais d'origine basque, qui envoya au bûcher entre deux cents et trois cents femmes surtout, mais aussi des hommes et quelques prêtres. Tous condamnés pour entretenir des liens avec le diable. En sous main en fait, les seigneurs d'Urrugne et de Saint-Pée voulaient affaiblir le poids des paysans, pêcheurs, artisans et armateurs qui administraient la province, sans que les nobles aient voix prééminente.
Outre ces institutions basques trop autonomes (les Biltzar qui selon la noblesse, faisaient la part trop belle donc aux roturiers ou au Tiers État) se posait la question du quasi monopole aux mains des pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz, du commerce des peaux avec le Canada. Le Roi Henri IV souhaitait récupérer cette manne pour lui et l'un de ses protégés. La sorcellerie fut un bon prétexte pour affaiblir le Labourd. Saint-Pée-sur-Nivelle fut le théâtre de ces procès au château des seigneurs de St-Pée
Monument en hommage aux victimes de De Lancre Nestor Basterretxea
Guerres napoléoniennes. Gerla napoleonikoak.
Autre événement terrible, les guerres napoléoniennes et leurs conséquences. Une autre partie de l’Histoire mise sous silence mais que la mémoire collective a un peu conservée somme toute et transmise notamment par des bertso (versets chantés) mais dont témoignent aussi les lettres des maires de Saint-Pée et de Sare, qui dénoncèrent les pillages, saccages et comportements des soldats espagnols (qui voulaient se venger de l'occupation de l'Espagne par les armées de l'Empire de 1808 à 18013) et français qui venaient de subir défaite sur défaite. Le collectif "Lapurdi 1609" s'est plongé dans ces heures sombres vécues par Saint-Pée et toute la vallée de la Nivelle : la guerre que se livrèrent les armées du maréchal Soult et celles de Wellington, à la tête d'une coalition britanique, portugaise et espagnole.
Ce qui est remarquable dans le cas de Saint-Pée, c'est le nombre d'ouvrages que des habitants du village, réunis au sein de "Lapurdi 1609". Une trentaine au bas mot, sans compter les 23 recueils de poésies que le cercle des poètesses et poètes de St-Pée, "Hatsa" (le Souffle) a publié en 24 ans. Des poèmes écrits par un enfant de 12 ans, jusqu'à ceux d'un académcien de la langue basque. Des contributeurs de Bilbao à Mauléon, et de St Pée à Tudela. Des sept provinces de la langue basque et de la diaspora. "Hatsa", ce sont aussi des ateliers de poésies, des marches poétiques en montagnes, des lectures en public, des vidéos pour illustrer les poèmes. Le verbe, âme d’un peuple. Dans sa langue évidemment, le basque. Quelle aventure littéraire ! Inouïe non ?
Un recueil d’articles écrits par des gens d’âges et parcours différents dans de nombreuses publications : les hebdomadaires Herria, Ttipi ttapa etc. qui met un coup de projecteur sur des habitants de Saint-Pée, des vallées de la Nivelle et du Baztan. Des personnes qui ont tant de chose à dire, de savoirs à partager, de souvenirs à évoquer. Outre Mixel et Auxtin, Leiane Madariaga en a été la cheville ouvrière.
Franck Dolosor
La seconde guerre mondiale, passeurs et contrebande. Bigarren munduko gerla, mugalariak eta gaueko lana.
Un autre livre sur des personnes qui ont compté et comptent pour St Pée : "Senperetik Senpererat" (De St Pée à St Pée) de Franck Dolosor. L’Histoire écrite avec un grand “H” rejoint celle dite avec un « h » minuscule, mais ce "h" est-il si minuscule ? Ce journaliste de la Télévision basque de la rédaction de Bayonne a recueilli des anecdotes, des événements du quotidien qui relèvent de l’Histoire : seconde guerre mondiale et frontière, passeurs et travail de nuit (contrebande). Franck a interviewé huit femmes et huit hommes, la mémoire vive de St Pée, sauvant ainsi des flammes, une bilbliothèque, car comme le disent les Africains, quand une personne qui a traversé l'Histoire perd la mémoire ou nous quitte, c'est une bibliothèque qui brûle. Mille mercis à Pelo Fagoaga qui nous a accueillis à Inharria, nous permettant de nous abriter pour un tournage pluvieux !
Maider Çigarroa
Le chant appartient à une longue tradition à St Pée. L'improvisation chantée ou bertsolarisme également. On a pu compter au XXème siècle une quinzaine d'improvisateurs du village, tels Xanpun, l'épouse du fameux Mattin d'Ahetze, Mayi Treku, Millox ... San soublier cette façon d'apostropher un congénère, un peu provocatrice, sorte de jeux de mots en forme de question réponse, appelée "ditxoka". Pour la chanson, citons entre autres, Brave et Bessonard, le groupe Hiru soinu. Maider Çigarroa en est l'expression actuelle, accompagnée à la guitare par Yannick Tellechea. Ils nous interprètent "Mendian gora haritza", bertso de Xabier Amuriza mis en musique par Imanol. Une version très personnelle et magnifique de Maider dont elle a fait les arrangements.
Cette séquence comme celles consacrées aux guerres napoléoniennes et au cercle de poètes Hatsa ont été enregistrées à Larraldea. Qu'Andoni Iturrioz, soit ici remercié d'avoir abrité Txirrita et ses invités !
Photo
Yannick Tellechea
Pour illustrer sa démarche poétique, Auxtin Zamora partage son poème "Zuhaitza" (l'Arbre) à Larraldea. Poésie qui a fait l'objet d'une sculpture éponyme de Christiane Giraud inspirée par le poème d’Auxtin.
Vidéo
II y a en Labourd une commune que l’Histoire a marquée et qui a marqué l’Histoire, Saint Pée-sur-Nivelle : procès en sorcellerie en 1609, d’une extrême violence. Guerres napoléoniennes dans la vallée de la Nivelle en 1813 et 1814, après la débâcle en Espagne. Un pays ruiné. Deux épisodes qui ont marqué ce village, jamais enseignés, oubliés de la mémoire. Enfin contrebande et passeurs pendant la seconde guerre mondiale. Trois passionnés d’Histoire ressuscitent celle de leur village. Michel Mendiburu, Auxtin Zamora et Franck Dolosor. Maider Cigarroa et Yannick Tellechea apportent une note poétique en chanson, à la hauteur de Saint-Pée, réputé pour ses improvisateurs et chanteurs. Saint Pée-sur-Nivelle un village basque dans l’Histoire
Pays basque : A cheval autour du lac de Saint-Pée
C'est une discipline méconnue de l'équitation, mais exigeante. L'association Euskal Team Endurance organisait les 16 et 17 avril un ultra-trail à cheval. Une course d'endurance sur les chemins vallonnés du Pays basque à laquelle ont participé une vingtaine de cavaliers venus de toute la France, dans l'espoir de se qualifier pour les championnats de France d'endurance équestre
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