Le potentiel hydroélectrique des moulins
Moulins : un potentiel hydroélectrique non négligeable
Utiliser la force de l’eau pour produire un peu d’électricité : c’est, pour les propriétaires de petits moulins, la façon la plus naturelle de faire grandir la part des énergies renouvelables
De nombreux propriétaires de moulins ambitionnent de faire tourner leur turbine, non pas pour revendre de l’électricité mais pour assurer l’autosuffisance de leur habitation. Difficile de mesurer ce potentiel énergétique. Le Collectif des moulins et riverains de Bretagne évaluait, en 2013, à 42,7 MW la puissance conjuguée des 5 000 moulins bretons, et à 17,28 GWh celle des 600 sites exploitables à brève échéance pour de la très petite hydraulique (inférieure à 10 MW!!! Non c'est 10 kW). L’équivalent de « 101 647 m² de panneaux photovoltaïques, ou 2 541 toits de 40 m² », selon ses projections.
« Deux tiers des 60 000 moulins du pays sont facilement rééquipables, qui pourraient produire l’équivalent d’un demi-réacteur nucléaire », appuie Didier Grégory, P-DG de la société Turbiwatt spécialisée, à Caudan (56), dans les turbines de basses chutes. Un « potentiel considérable et une administration, en France, qui marche sur la tête », estime-t-il. « Le contribuable finance l’arasement des seuils, alors qu’on a sous la main la ressource pour produire une énergie verte, performante, économique, et réutilisée au niveau local »
Commentaire d'un collègue
Les termes admis par l’Union Internationale des Producteurs et Distributeurs d’Energie Electrique sont :
- petite hydro : de 2 à 10 MW
- mini-hydro : de 500 kW à 2 MW
- micro-hydro : de 20 à 500 kW
- pico-hydro : < 20 kW
Ces propriétaires bretons qui ne veulent pas condamner leurs moulins
Un récent décret a ravivé leur colère : 630 propriétaires de moulins à eau bretons sont sommés, au nom de la « continuité écologique » des rivières, de modifier leurs déversoirs avant juillet 2022, voire… de les supprimer. L’obligation fait des remous.
Jean-Paul Le Corre, propriétaire du moulin du Craou Moc’h, à Pluzunet (22), et Mark Van der Esch, président de l’Association des moulins et des riverains des Côtes-d’Armor, refusent d’être les boucs émissaires de l’État : « Nos petits déversoirs ne font pas obstacle à la circulation des poissons », assurent-ils. (Photo Valérie Cudennec-Riou)
Niché dans son écrin de verdure, en fond de vallée du Léguer, le joli moulin de Craou Moc’h, à Pluzunet (22), s’impatiente : quand pourra-t-il produire son électricité ? Sa roue restaurée tourne, brassant l’eau de la rivière avec la régularité d’un métronome. L’alternateur et le multiplicateur sont prêts. Oui, mais voilà. Pour boucher une brèche du barrage et utiliser la force hydraulique nécessaire à la production des 7 kWh qui lui permettront de se chauffer l’hiver, le propriétaire, Jean-Paul Le Corre, doit obtenir l’autorisation de l’administration. Laquelle lui impose, au préalable, de modifier la passe à poissons naturelle aménagée au pied de son déversoir. « Il y en a pour 55 000 € de travaux, dont la moitié à ma charge », s’émeut cet amoureux du patrimoine, qui ne voit pas pourquoi le chantier d’enrochement de la berge devrait se faire à ses frais.
Ajouter un commentaire