Chine-Cambodge : une alliance en eaux troubles
Tandis que Xi Jinping et Hun Sen renforcent leurs relations politiques, Washington suspecte Pékin de construire une base militaire navale au large de Sihanoukville.
Une cliente chinoise au casino White Sand Palace. (Photo Thomas Cristofoletti. Ruom)
En Asie du Sud-Est, c'est le grand ami des Chinois. Et durant trois jours, il a été choyé. Du 20 au 23 janvier, le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, a été l'invité d'honneur du président Xi Jinping. Venu demander des nouveaux investissements pour son pays, l'homme fort du Cambodge est reparti avec 588 millions de dollars (515 millions d'euros) que Pékin a promis de verser à Phnom Penh jusqu'en 2021. Les deux amis ont convenu «d'augmenter le volume de leur commerce bilatéral pour atteindre 10 milliards de dollars en 2023», selon les termes du communiqué. Cela fait les affaires de Hun Sen, devenu le mouton noir de l'Occident après avoir annihilé l'opposition, organisé une farce électorale en juillet et fait main basse sur les ressources du pays depuis trente-trois ans qu'il est au pouvoir.
«Comptoir»
La Chine s'est, elle, trouvé un petit allié précieux, sinon servile : à la demande de Pékin, Hun Sen a rejeté toute idée d'indépendance de Taiwan, comme le stipule la déclaration conjointe. La Chine n'est pas mécontente de cette entente commerciale. Avec son projet planétaire des nouvelles routes de la soie, Xi sait qu'il peut compter sur Hun Sen pour «renforcer la coopération pragmatique» de l'Initiative ceinture et route, l'autre nom du grand dessein chinois. Et disposer d'un nouveau «comptoir», via le port de Sihanoukville, pour contrôler les voies commerciales du détroit de Malacca et assurer son hégémonie sur la mer de Chine. Certes, cette «relation très spéciale», selon Hun Sen, «forgée en acier», d'après l'ambassadeur chinois au Cambodge, Wang Wentian, n'est pas nouvelle. La Chine a toujours été très présente dans la région. Ses investissements sont colossaux : entre 1994 et 2017, elle a déversé plus de 12,5 milliards de dollars pour les infrastructures et l'industrie. Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, fin 2012, les liens se sont encore renforcés. Avec 200 investisseurs chinois, le Président est venu en visite officielle au royaume cambodgien en 2016, l'année où les deux pays entamaient leur premier entraînement militaire commun. En juin dernier, les Chinois débloquaient une aide de 100 millions de dollars pour moderniser l'armée. Ces rapprochements militaires nourrissent des inquiétudes sur le rôle joué par Pékin dans le golfe de Thaïlande.
Polémique
En novembre, le site Asia Times assurait qu'une base chinoise navale de 45 000 hectares, avec un port en eaux profondes, était en cours de construction sur l'île de Koh Kong, au large de Sihanoukville. La révélation avait été jugée assez sérieuse par le vice-président américain, Mike Pence, pour qu'il se fende d'une lettre à Hun Sen. «La Constitution du Cambodge interdit la présence de troupes étrangères ou de bases militaires sur son territoire», avait répondu le Premier ministre pour éteindre la polémique et rassurer le gendarme américain. Toujours est-il que des travaux, évalués à 3,8 milliards de dollars et menés par Tianjin Union Development Group, sont bien en cours. La compagnie chinoise a commencé le chantier en 2008 et dispose d'une concession de quatre-vingt-dix-neuf ans.
Le Cambodge sous l’emprise de Pékin
https://theconversation.com/le-cambodge-sous-lemprise-de-pekin-155542
Histoire de l'Indochine et du Cambodge en particulier.
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