La Chine à Djibouti
Quand la Chine fait main basse sur Djibouti
Article de Marie de Greef-Madelin
Publié le 14/02/2021 à 09:00
La Chine comble le vide laissé par le départ des Français
Infrastructures, industrie, armée… Depuis sept ans, la Chine grignote progressivement l'ancienne colonie française et la place au cœur de sa stratégie des nouvelles routes de la soie. La France ramasse les miettes.
Partout. Le drapeau chinois flotte partout. Sur le port de Djibouti, aux abords du nouveau terminal pétrolier construit en moins de deux ans, à l'entrée de la plus grande zone de libre-échange de l'Afrique (48 kilomètres carrés) - la Djibouti Free Trade Zone - inaugurée en 2017, devant la base militaire chinoise adossée au port, qui compte 1 500 hommes et pourrait bientôt en accueillir 10 000. À Djibouti, la Chine a investi 14 milliards de dollars en un temps record. À peine sept ans.
Un pays où règne encore les signes de la colonisation française
Dans ce pays de cailloux, où rien ne pousse et où le soleil est le plus brûlant de la planète selon Romain Gary, le ministre djiboutien des Affaires étrangères se justifie : « Djibouti a des relations économiques avec la Chine mais garde toujours des liens privilégiées avec la France. » Dans le centre de Djibouti, presque tout le monde connaît encore la France, qui a créé ce pays de toutes pièces à la fin du XIXe siècle avant de lui donner son indépendance en 1977, et parle le français. Rue des Mouches, avenue de Brazzaville, devant le Tailleur de merveilles, chez Jamal, des jeunes Djiboutiens portant des maillots de foot floqués aux couleurs des clubs français agitent des drapeaux tricolores et crient : « Vive la France ! » En réalité, depuis l'indépendance, c'est surtout un “je t'aime, moi non plus”.
Le président de la République djiboutienne, Ismaïl Omar Guelleh, qui brigue un cinquième mandat - le pays n'a connu que deux présidents depuis 1977 -, est formel : notre pays a rompu les liens. « Tout se passe comme si la France ne nous considérait plus », « les Français nous ont quittés », ne cesse-t-il de clamer. Le ministre des Affaires étrangères affirme aujourd'hui : « Nous avons saisi la main tendue par la Chine ; aucun autre pays ne nous a proposé de prendre le relais pour financer nos infrastructures. »
La Chine comble le vide laissé par le départ des Français
Le basculement a été extrêmement rapide. Les grandes entreprises françaises, à commencer par Total et Colas, ont plié bagage après 2013. Pour une kyrielle de raisons. D'abord, parce que les Français, qui représentaient 70 % des parts de marché de l'industrie, se sont longtemps crus chez eux, refusant d'adapter leur offre. Total a été tenu pour responsable de la pollution du port de Djibouti et condamné à une amende de plus de 200 millions d'euros. Ensuite, parce que les relations diplomatiques se sont envenimées à cause de l'affaire Borrel, du nom de l'ancien juge conseiller technique du ministre de la Justice de Djibouti, retrouvé mort en 1995 dans des circonstances jamais élucidées. Enfin, parce que les Djiboutiens ont voulu diversifier leurs partenariats et leurs sources de financement.
De fait, les partenaires bancaires Indosuez (Crédit agricole) et BNP Paribas ont laissé place aux banques islamiques et chinoises.
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