Alésia un paradis archéologique
A l’occasion des 10 ans du MuséoParc Alésia, GEO Histoire décrypte ce site gallo-romain qui, depuis le XIXe siècle, n’a de cesse de faire l’objet de fouilles archéologiques et de polémiques entre spécialistes.
Alésia. Un siège, un site archéologique… et un musée. Implanté sur les lieux de la célèbre bataille qui opposa Vercingétorix à l’Imperator Jules César, en 52 av. J.-C., le MuséoParc Alésia, situé dans la commune bourguignonne d’Alise-Sainte-Reine, a ouvert ses portes il y a 10 ans, en 2012. Un espace culturel de forme circulaire (pour rappeler la notion d’encerclement des Gaulois par les Romains) qui fait revivre au visiteur ces deux mois de siège connus par le « carnet de route » de César, La Guerre des Gaules (De Bello Gallico, en latin). De l’arrivée des 10 à 12 légions de Rome (environ 50 000 soldats) devant l’oppidum gaulois, à la «capitulation» de Vercingétorix, en passant par les descriptions des pièges disséminés dans les fossés entourant la colline d’Alésia, le visiteur sait (presque) tout sur l’une des plus célèbres bataille de l’antiquité romaine. « Nous avons fait de ce musée un lieu d’histoire où l’on apprend tout en se divertissant. Pas besoin d’être incollable sur la période gallo-romaine pour venir nous voir », insiste Michel Rouger, directeur général du site, pour qui Alésia est une « matière formidable pour intéresser tous les publics ».
Mais outre son MuséoParc, très moderne dans sa mise en scène, Alésia a un autre atout : son chantier archéologique, qui n’en finit pas de livrer des trésors. Un site immanquable, situé à 3 kilomètres du musée, sur la colline du Mont-Auxois, (attention ça grimpe !). De là-haut, le point de vue sur la vallée est époustouflant : on imagine volontiers les Mandubiens (nom du peuple gaulois de la région) assister, effrayés, à l’arrivée des légionnaires de César. On connaît la suite… Vercingétorix et ses guerriers, qui avaient occupé Alésia après leur victoire à Gergovie quelques mois plus tôt, rendirent les armes après 60 jours environ de combats.
Après la défaite des Gaulois, l’oppidum d’Alésia ne fut pas détruite et continua d’être habité. Au cours du Ier siècle de notre ère, une ville gallo-romaine y prospéra, se développant selon le modèle diffusé par Rome dans l’Empire naissant d’Auguste. Grâce notamment à l’activité d’artisans spécialisés dans le travail du bronze (on peut admirer de superbes amphores en bronze de cette époque dans le MuséoParc). Combien d’habitants Alésia abritait-elle ? « On ne peut être précis mais on l’estime à quelques milliers de personnes, donc une ville d’une assez grande importance », affirme Stéphanie Foce, responsable du département Accueil et Développement du site. Cette ville antique, délaissée au Ve siècle, devint ensuite une carrière de pierres qui verra le démantèlement des bâtiments au profit de l’actuel village d’Alise-Sainte-Reine (nom d’une martyre chrétienne) installé sur le flanc sud de la colline. Aujourd’hui, d’Alésia, il ne reste que des vestiges arasés de monuments et les fondations de quartiers d’habitations. Parmi eux, un théâtre pouvant accueillir 5000 personnes environ, un temple probablement dédié à Jupiter, une « basilique » (tribunal), un sanctuaire de divinités protectrices, appelé monument d’Ucuetis… Mais la mise au jour de ces « ruines » fut une aventure en soi
Dès le XVIIe siècle, on veut trouver Alésia
La première mention d’une découverte archéologique à Alésia remonte à 1652. Une dédicace à un dieu, disparue un siècle et demi plus tard, en 1813, alors que la recherche archéologique était sur le point de connaître un essor. Puis arriva au pouvoir Napoléon III, empereur des Français de 1852 à 1870. Passionné par les figures de Jules César et Vercingétorix, il souhaitait identifier les lieux des principaux combats évoqués dans la Guerre des Gaules. Et donc Alésia. Il lança alors de nombreuses campagnes de fouilles, dont une à Alise-Sainte-Reine. C’est Eugène Stoffel (1821-1907), polytechnicien et officier d’artillerie, qui identifia, après bien des polémiques, Alise Sainte-Reine comme le lieu du siège d’Alésia. Car une dizaine de villages réclamèrent ce statut tant envié. Un architecte franc-comtois affirma qu’Alésia était en réalité à Alaise, près de Besançon. Puis vint le tour d’Izernore (Savoie) Novalaise (Ain)… Les fouilles reprirent en 1904 à Alise-Sainte-Reine, mais d’autres villes « concurrentes » se manifestèrent : Veyre-Monton (Puy-de-Dôme) Aluze (Saône-et-Loire), Alaise (Doubs), Salins-les-Bain (Jura)…
Qu’il s’agisse de pièces de monnaie, d’armes, de vases à décor dionysiaque, de statuettes de déesses et d’inscriptions (notamment celle, trouvée en 1839, où est écrit In Alisiia, visible dans le MuséoParc), toutes les fouilles menées sur le site jusque dans les années 1990 ont apporté les preuves qu’il s’est passé à Alise-Sainte-Reine un événement militaire correspondant à la bataille d’Alésia. « Les nouvelles technologies, comme la photographie aérienne et l’utilisation du LIDAR -détection par laser- sont venus confirmer qu’Alésia est ici », souligne Stéphanie Foce. Car il faut le savoir, le site est constamment fouillé. « C’est l’un des rares en France à être fouillé tous les ans, et ce depuis un siècle », ajoute la responsable.
Un site fouillé tous les ans
Que cherche-ton aujourd’hui sur cette colline ? Le temps des fouilles impériales de Napoléon III est révolu. Aujourd’hui, on cherche d’en savoir davantage sur le quotidien de la cité gallo-romaine plutôt que sur la bataille. Depuis 2020, un important programme de fouilles se déroule pour explorer le monument d’Ucuetis, centre religieux de la cité. L’objectif ? Mieux définir son extension et réévaluer la chronologie du monument dont la construction est pour le moment datée de la fin du Ier siècle de notre ère. Et la campagne 2021 a déjà livré des éléments de réponse. Le plan du monument a été évalué suite à la découverte d’un collecteur d’eaux pluviales (une sorte de canalisation) installé à son extrémité nord. Des fosses ont également été découvertes qui ont livré un assemblage de céramique et… une sandale en cuir portée par un enfant ! « Une pièce rare que nous sommes en train de sécuriser car très fragile », explique Stéphanie Foce. Cette campagne de fouilles prouve que le monument d’Ucuetis a été construit plus tard, au IIe siècle, et qu’il s’imbriqua dans un quartier d’habitations continuellement réaménagé jusqu’au IIIe siècle. La campagne 2022, qui aura lieu au mois d’août, permettra d’affiner ces premières hypothèses de travail.
Après un passage au MuséoParc et sur le site, il vous sera difficile de dire comme le chef gaulois des aventures d’Astérix, Abraracourcix, dans Le Bouclier Arverne(1968) :
« Alésia, connais pas ! ».Alésia, c’est Alise-Sainte-Reine. Le doute n’est pas permis. La Bourgogne a tranché depuis longtemps. Sourde à toute polémique qui situe le siège fatal à Vercingétorix, chef d’une coalition de peuples gaulois, dans le Doubs, l’Ain ou le Jura, elle s’apprête à ouvrir au public son centre d’interprétation, en plaine des Laumes.
Jules César et sa Guerre des Gaules pour fil conducteur
Conçu par l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi (Parc de La Villette en 1982, musée de l’Acropole d’Athènes en 2002) et inauguré aujourd’hui par le premier ministre François Fillon, le premier maillon du MuséoParc a plutôt belle allure. Offrant une vision panoramique à 360° sur le site du siège. Une configuration qui « symbolise l’encerclement des Gaulois par les Romains ».Des guerriers gaulois piégés sur le Mont-Auxois par la contrevallation, la ligne de fortifications de
Une approche vivante de l’histoire Car la gageure des scénographes était bien de donner à voir un événement militaire historique dont il ne subsiste plus de traces visibles. De quoi nourrir deux siècles de polémique?!Objets antiques trouvés lors des fouilles (monnaies gauloises, fragments de casques, de boucliers germains, armes de jet, flèches, boulets, balles de fronde, ossements de chevaux) et fac-similés (comme l’inscription trouvée sur le Mont-Auxois, du nom gaulois d’Alésia), diorama, films, maquettes, bornes multimédia et reconstitutions de machines de guerre offrent aux visiteurs les clés pour comprendre l’histoire du site, mieux décrypter la bataille. Parcours adulte, parcours enfant : tout a été imaginé pour séduire un public familial. De manière interactive et vivante.
Ouverture. Le centre d’interprétation de la bataille d’Alésia ouvre le 26 mars. De 10 à 17 heures. En avril, mai, juin et septembre, de 9 à 18 heures. En juillet et août, de 9 à 19 heures. En octobre, novembre et décembre, de 10 à 17 heures.
CÔTE-D’OR : François Fillon choisi Alésia pour prôner «l’union de la nation»
Arrivé vers 15 heures, le Premier Ministre a été accueilli par François Sauvadet, et Marc Frot, Président de la Société d’Economie Mixte (SEM) d’Alesia, qui gère le MuseoParc. Après une visite des lieux, c’est Marc Frot, qui est aussi Vice-Président du Conseil général et conseiller général du canton de Baigneux-lès-Juifs qui a pris le premier la parole, en évoquant « un lieu magique », qui méritait cette belle mise en lumière. Avant de passer la parole à François Sauvadet. Pas peu fier d’inaugurer ce projet qu’il porte depuis des années, il évoqué un site symbole de « la fondation de notre pays ». L’occasion également de « faire un sort » à certains clichés qui entourent les Gaulois qui n’étaient pas « un peuple barbare sanguinaire », mais qui ont su aussi exister en tant que « société policée, avec ses règles ». Tout comme « la place singulière d’Alesia dans notre inconscient collectif ».Avant de rendre un hommage appuyé à son prédécesseur à la tête du Conseil Général de Côte-d’Or, Louis de Broissia qui a su « donner ce lieu à comprendre ».
Le Jeudi 22 mars 2012 @ 19:00:15http://www.infos-dijon.com/article.php?sid=26428&thold=0
Le Siège d'Alésia
JULES CÉSAR EST DE RETOUR POUR LA BATAILLE D’ALÉSIA
Alésia : la gloire d'une défaite
La statue de Vercingétorix : une inauguration mouvementée
On en parlait depuis longtemps ! Déjà vers 1840, Amédée Thierry, un membre de l'Académie française, avait eu l'idée d'ériger à Clermont-Ferrand un monument au glorieux adversaire de César. Le ministre Guizot avait même promis de s'y intéresser, mais la Révolution de 1848 ajourna la décision. On espéra ensuite que Napoléon III, auteur de "La vie de César", donnerait une impulsion décisive au projet. En vain. En 1870, Bartholdi, un jeune sculpteur alsacien, expose une statue équestre de Vercingétorix au Salon des Champs Élysées, mais les événements de cette année repoussent une fois de plus le projet pour Clermont-Ferrand. Il faut attendre l'année 1900, alors que la statue en bronze est présentée à l'Exposition Universelle, pour que Bartholdi accepte de la livrer à Clermont-Ferrand.
Ramenée dans la capitale auvergnate en 1902, elle est placée provisoirement dans la cour du Palais universitaire, l'actuel rectorat. Une maquette montée sur des roulettes est alors déplacée de place en place, soumise à l’approbation des Clermontois qui finissent par choisir la place de Jaude comme lieu d'installation définitif. Le 12 octobre 1903, en présence du président du Conseil, Émile Combes, et du ministre de la Guerre, le général André, la statue est officiellement inaugurée. A 10 heures, le cortège officiel arrive place de Jaude tandis que 400 chanteurs interprètent une cantate composée par le directeur de l'École normale. Les Participants à la cérémonie se rendent ensuite aux Gravanches à un gigantesque banquet prévu pour 4 500 personnes. Mais l'abondance des convives est telle que la nourriture devient vite insuffisante et le repas se termine dans un total pugilat : assiettes et verres volent en éclat. L'affaire se réglera au tribunal. Bartholdi : le sculpteur de la statue de la Liberté Né à Colmar, Frédéric-Auguste Bartholdi expose sa première statue représentant le général Rapp, à l'âge de 22 ans. Profondément marqué par les événements de 1870-1871, il produisit alors ses œuvres les plus remarquables parmi lesquelles "Le Lion de Belfort", accroché au flanc de la citadelle de la ville, et "La Liberté éclairant le monde" installée dans le port de New-York. Il meurt en octobre 1904, un an presque jour pour jour, après l'inauguration du monument de Vercingétorix à Clermont-Ferrand.
VERCINGETORIX
Vercingétorix (né aux environs de -80 sur le territoire des Arvernes, dans l'actuelle Auvergne, mort le 26 septembre -46 à Rome) est le fils du chef gaulois de la tribu des Arvernes, Celtillos. Il fédère la plupart des peuples gaulois et leurs chefs pour tenter de repousser l'envahisseur romain Jules César à la fin de la guerre des Gaules (-58 à -51). Vaincu à Alésia en -52, il est emprisonné, puis exécuté, six ans plus tard, à Rome, à la suite du triomphe de César. Vercingétorix est l'un des premiers chefs ayant réussi à fédérer une partie importante des peuples gaulois, en montrant de réels talents militaires face à l'un des plus grands stratèges de son temps, Jules César. Sous Napoléon III, sa figure de représentant de la civilisation gauloise est largement mise en avant ; puis, dans le cadre de l'affrontement franco-allemand, il incarne la figure mythique et nationale du tout premier peuple de France dans une part importante de l'historiographie du xixe siècle. Il devient, entre 1870 et 1950, dans l'enseignement de l'histoire à des générations d'écoliers, le premier chef des Français.
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