Une des plus belles collections d’art du Portugal fait escale à Paris
Antiquités, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle français, trésors d’art asiatique et islamique : les pépites de la collection de Calouste Gulbenkian sont invitées à Paris par la Collection Al Thani, dans l’une des salles qu’elle occupe à l’Hôtel de la Marine. L’exposition, intitulée « Gulbenkian par lui-même : dans l’intimité d’un collectionneur », est un petit bijou.
Quand un collectionneur rencontre un collectionneur, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Pour le savoir, allez ou retournez à l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, où la Collection Al Thani accueille jusqu’au 2 octobre les fleurons du Musée Gulbenkian de Lisbonne. Montée avec le Centre des Monuments nationaux et la Fondation Gulbenkian, dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022, l’exposition « Gulbenkian par lui-même : dans l’intimité d’un collectionneur » occupe la plus grande salle des espaces Al Thani et est une incontestable réussite.
Des trésors antiques aux folies de Lalique
Elle est mieux accrochée et plus aérée que l’exposition inaugurale de novembre dernier dédiée à l’art islamique des collections Al Thani, où la profusion des objets, les lumières des vitrines et les cartels peu lisibles rendaient difficile la contemplation des œuvres, pourtant fort belles.
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Cette fois, la scénographie est plus réussie. Sur les murs, quelques dessins, tableaux et textiles précieux alternent avec de grandes photos noir et blanc évoquant le décor intérieur de l’hôtel particulier de l’avenue d’Iéna que l’homme d’affaires d’origine arménienne Calouste Gulbenkian (1869-1955) acquit en 1922, orné de mobilier et de tableaux français du XVIIIe siècle. Le visiteur est plongé dans l’univers du collectionneur et découvre son goût éclectique, qui allait des antiquités aux créations folles de René Lalique, dont il fut l’ami et le mécène, en passant par les manuscrits enluminés, le grand XVIIIe français, l’art asiatique, l’art islamique.
Gulbenkian avait un « œil ». Ce « best of » de ses collections réunit le meilleur dans chaque domaine : de rares monnaies antiques témoins de sa première passion, un dessin de Watteau et un autre de Dürer montrés pour la première fois dans un musée, une paire de terrines en vermeil du service Orloff acquise auprès des Soviétiques à un moment où la Russie était en mal de liquidités, une spectaculaire aiguière en jaspe rouge achetée aux Rothschild réfugiés au Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale, le Livre d’Heure d’Isabelle de Bretagne, de sublimes textiles turcs et iraniens rappelant que la famille Gulbenkian exerçait jadis dans le commerce du tissu, des trésors en laque du Japon et des perles rares de Lalique, dont le fameux Diadème coq. Hormis des cartels trop succincts, où l’on aurait aimé trouver plus d’informations sur la rareté et la provenance des œuvres, l’ensemble est un véritable régal.
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Calouste Gulbenkian : un homme, une fondation
D'origine arménienne, Calouste Gulbenkian est un personnage aux multiples facettes. Homme d’affaires internationalement renommé, il est aussi un collectionneur avisé. Quand il décède au Portugal en 1955, il lègue ses œuvres à une fondation qui porte son nom. Elle reçoit pour mission de défendre et diffuser la culture portugaise et, dans ce cadre, est aujourd'hui l'une des plus grandes ambassadrices de l'œuvre d'Amadeo de Souza-Cardoso.
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