Photovoltaïque en Nouvelle-Aquitaine
La filière bois alerte sur "le risque de déforestation du massif"
Les professionnels de la filière forêt bois papier ont lancé mardi 9 Mars 2021 un appel aux pouvoirs publics. L’interprofession des Landes de Gascogne s’alarme de la recrudescence des défrichements liés à l’installation de centrales photovoltaïques.
"Détruire les forêts de pin maritime, principale pompe à carbone de la région Nouvelle-Aquitaine, pour installer des centrales photovoltaïques est un non-sens écologique et économique" écrit l’interprofession des Landes de Gascogne dans un communiqué de mardi 9 mars 2021.
Jusqu'où va aller ce défrichage de la forêt ?
Du pépinièriste à l'industriel, c'est l'inquiétude face à la multiplication des projets de fermes photovoltaïques en Gironde et dans les Landes. "Ce défrichage gagne la forêt et si cela continue ainsi, nous allons vers de la déforestation du massif aquitain", a déclaré Bruno Lafon, président de Fibois Landes de Gascogne qui ne mâche pas ses mots pour exprimer la colère de toute la filière.
Une superficie de 1000 ha c'est énorme, cela représente 1500 terrains de foot. Le projet de parc photovoltaïque atteint les 1600 ha en Lot-et-Garonne et concerne à la fois de la forêt et des parcelles agricoles", selon le président de Fibois. La filière demande aux pouvoirs publics de limiter les projets très nombreux dans la région car il y a de l'espace et de l'ensoleillement idéal pour les capteurs solaires et la production d'énergie.
"Un non sens écologique et économique"
Selon les professionnels de la filière forêt bois papier qui emploie 58000 personnes en Nouvelle-Aquitaine ( massif landais et du Limousin réunis) et génère 10 milliards d'euros par an, défricher des parcelles de pins maritimes pour y mettre des panneaux solaires est un non-sens écologique et économique. Il s'agit d'un forêt de production où l'on cultive des pins ( 1,5 millions d'arbres dans le massif landais). "On plante, on éclaircit et on coupe. Puis on replante. Le cycle se fait sur 40 ans", explique Bruno Lafon. "Quand on coupe des pins pour installer des panneaux, la parcelle est perdue pour la filière qui compte des coopératives, des entreprises de travaux forestiers, des scieries, des communes, etc. Il y a aussi des conséquences sur la biodiversité (400 espèces faune et flore dans le massif).
"Sans oublier les risques d'incendie qui sont accrus" car il peut y avoir des arcs électriques qui mettent le feu sous les panneaux solaires. "Les sapeurs-pompiers ont dû mal à éteindre ce type d'incendie car c'est impossible de couper la source électrique", s'agace Bruno Lafon qui prend exemple d'un feu survenu en 2019 sur la commune de Sainte-Hélène en Gironde.
Autre argument de la filière, c'est le paradoxe des friches industrielles qui ne sont pas retenues pour accueillir des projets photovoltaïques. Bruno Lafon explique que "dans la communauté de communes de Biganos et Andernos en Gironde des projets sur d'anciennes décharges" ont été retoqués en vertu de la loi littoral. "Ce serait pourtant mieux que de couper de la forêt".
Un mitage de la forêt qui nuit à la filière
Ces coupes effectuées dans le massif nuisent à la filière qui est obligée d'importer du bois. "La ressource diminue. On a reboisé à l'arbre prés après les tempêtes, et maintenant on défriche pour remplacer pour de l'artificialisation, et ça prend de la place sur la ressource." François Guiraud qui s'occupe de la ressource forestière dans une papeterie de Tartas convertie en bio raffinerie, contaste lui aussi que de plus en plus de communes défrichent pour installer des panneaux solaires. "Notre profession veut alerter sur les subventions accordées au photovoltaïque, c'est bien mais pas en supprimant la forêt. Au final, ces aides de l'état favorisent la destruction du massif."
Projet de parc solaire en Gironde
1 000 hectares de pins menacés
En Gironde, à Saucats, le projet d’installation de panneaux photovoltaïques donne lieu à de nombreux débats. Baptisé Horizéo, ce parc solaire détruirait une parcelle de 1 000 hectares de pins.Ce parc photovoltaïque s’étendrait sur une superficie de 10km2, soit l’équivalent de la ville de Bègles. Des dizaines de milliers d’arbres sont donc menacés par ce projet. Cette parcelle de forêt à Saucats a été principalement choisie en raison du poste de transformation haute tension construit par RTE et qui se situe non loin.
Décrit comme un projet innovant et inédit, Horizéo a été développé par les entreprises Engie et Neoen. Selon le porte-parole du projet, Mathieu Le Grelle, « ce parc pourrait alimenter pas moins de 600 000 habitants en électricité ». Mais Horizéo est loin de faire l’unanimité. Les acteurs locaux s’inquiètent et ne voient pas d’un très bon œil ce projet, notamment par rapport à l’impact qu’il pourrait avoir sur l’environnement. C’est le cas de Sepanso, association de défense de l’environnement en Gironde qui y voit une véritable problématique.
Ces 1 000 hectares de pins servent notamment à la production de bois. « C’est un projet démentiel qui n’est ni écologique, ni environnemental », affirme Philippe Barbedienne, représentant la Sepanso en Gironde. Il déplore notamment que la superficie et la localisation sur des terrains naturels en forêt pose problème. En effet, ce parc détruirait une partie du massif forestier du Sud-Ouest. Aussi, ce projet n’est pas sans coût. Les entreprises Engie et Neoen débourseront 650 millions d’euros. Une somme colossale qui ferait de cette station, la plus vaste de France et l’une des plus grandes d’Europe.
De plus, l’Aquitaine n’a pas un besoin urgent d’électricité étant donné qu’elle n’est pas en déficit. Elle exporte d’ailleurs 25 % de sa production. Pour ce directeur, « les énergies renouvelables c’est bien, mais pas n’importe où et n’importe comment ». Sans oublier que la surface forestière ne cesse de régresser, et ce malgré les mesures compensatoires mises en place. Chaque année, ce sont 500 hectares qui disparaissent. Selon lui, c’est clair,Ce projet de panneaux photovoltaïques n’a pas sa place dans la nature.
Video
En Gironde, à Saucats, le projet d’installation de panneaux photovoltaïques donne lieu à de nombreux débats. Baptisé Horizéo, ce parc solaire détruirait une parcelle de 1 000 hectares de forêt. Intervenants : Mathieu le Grelle, Porte-parole du projet Horizéo Phiippe Barbedienne, Président de la Sepanso Reportage : Gladys Cuadrat / Quentin Trigodet / Nicolas Pressigout
***
Ajouter un commentaire